Comment j’apprends des langues étrangères en autodidacte
Élargir mon horizon, voyager, découvrir d’autres cultures, communiquer avec des personnes venues d’ailleurs. Voilà quelques raisons qui m’ont poussée à apprendre et à perfectionner des langues étrangères, au-delà des cours de langues suivis durant ma scolarité. Ainsi, je perfectionne mon anglais et mon espagnol, et je débute l’italien et l’arabe. Je vais vous expliquer les méthodes d’apprentissage et astuces que j’utilise pour apprendre des langues en autodidacte.
Avoir une vraie motivation
Avant toute chose, il est crucial d’avoir une vraie motivation pour apprendre une langue étrangère, surtout lorsqu’on l’apprend en autodidacte. Il ne s’agit pas de l’apprendre juste parce que « ça va faire bien sur le CV » par exemple. Non, il faut que ça vienne du cœur, avoir une motivation profonde. Ce peut être un attrait particulier pour une langue et une culture, un partenaire amoureux étranger, le rêve de voyager dans certains pays (par exemple apprendre l’anglais pour découvrir les Etats-Unis, l’espagnol pour l’Amérique centrale et latine…), s’installer à l’étranger…
La motivation s’entretient tout au long de l’apprentissage. C’est elle qui va vous permettre de tenir le planning d’apprentissage que vous vous êtes fixé.e.
Ainsi, il convient d’avoir un objectif précis, et non un objectif flou du type « je veux parler anglais », mais plutôt « je veux me débrouiller lors de mon prochain voyage à l’étranger », « je veux atteindre le niveau B1 pour tenir une conversation avec mes amis espagnols », etc.
Ensuite, découper votre objectif en objectifs intermédiaires plus petits vous permet d’avancer pas à pas sans vous décourager.
Organiser son apprentissage
Organiser votre apprentissage des langues étrangères vous permet de mieux avancer vers votre objectif. Je pense qu’il faut mieux apprendre un peu tous les jours, ou au moins tous les deux jours, plutôt que de faire une grosse séance une fois par semaine. Cette méthode me permet de créer une habitude d’apprentissage et de rester concentrée tout au long de chaque séance. Il est en effet plus facile de rester concentré.e pendant vingt minutes que pendant deux heures d’affilée. Ainsi, l’apprentissage sera plus efficace. De plus, en étudiant vingt minutes par jour pendant six jours, on arrive à un total de deux heures étudiées.
Par ailleurs, je préconise de varier les activités au fil des jours, afin de travailler les différents aspects de la langue et de ne pas se lasser (par exemple : écoute le lundi, lecture le mardi, etc).
En fonction de votre emploi du temps, essayez de planifier des moments de la journée où vous êtes le/la plus alerte (vous pouvez inclure ce créneau dans votre agenda ou to-do list).
Enfin, ainsi que nous l’avons vu précédemment, je vous conseille de vous fixer des objectifs pour garder la motivation, et de vous récompenser lorsqu’ils sont atteints (par exemple : vous offrir un livre ou magazine qui vous intéresse dans la langue cible, partir dans un pays où la langue cible est parlée aux prochaines vacances, etc).
L’immersion
Il me paraît important de s’immerger dès le départ dans la langue étrangère qu’on apprend. Par exemple, écouter la radio même si on ne comprend pas grand-chose voire rien du tout. Ceci permettra d’habituer notre oreille aux sons de la langue cible (immersion passive).
De même, lire des mots ou des titres de journaux nous permettra de nous habituer à la langue. Si vous avez la chance de voyager ou de vivre dans le pays où la langue est parlée, vous balader dans la rue et faire les courses tout en lisant les mots que vous rencontrez est idéal pour apprendre du vocabulaire en contexte, sans même vous en rendre compte.
Vous pouvez ainsi apprendre du vocabulaire, en écoutant comme en lisant, en déduisant le sens du contexte, d’autant plus si la langue cible est proche de la vôtre. Je vous conseille de vérifier les mots dans le dictionnaire, car certains peuvent être des faux-amis.
L’immersion permet d’aller chercher le vocabulaire et les points de grammaire quand on en ressent vraiment le besoin, et donc de s’en souvenir plus facilement.
Une petite précision cependant : vivre dans le pays où est parlée la langue cible peut grandement vous aider, mais cela ne suffira pas si vous ne faites pas d’immersion active, c’est-à-dire que vous adoptez une posture d’apprenant qui va chercher et mémoriser les éléments de la langue qu’iel rencontre.
Mes ressources préférées
Je vous conseille de ne pas les multiplier à l’infini, au risque de vous y perdre. Il ne sert à rien d’acheter 10 ouvrages différents. Vous pouvez choisir un manuel soit classique, de type scolaire, ou une méthode intuitive comme Assimil, Harrap’s ou Berlitz, selon ce qui vous convient le plus.
Utilisez essentiellement des ressources conçues pour les apprenants au début (méthodes de langues, vidéos Youtube et podcasts pour apprenants…) puis, au fur et à mesure que vous progressez, utilisez de plus en plus de ressources authentiques, c’est-à-dire conçues pour les natifs (actualités, romans et ouvrages de non fiction, films…).
Voici quelques ressources que vous pouvez utiliser :
- Des dictionnaires, papier comme en ligne, tels que Larousse, Wordreference, Oxford, Cambridge, Reverso, Linguee… Vous pouvez utiliser non seulement des dictionnaires de traduction, mais également des dictionnaires de définition dans la langue cible si vous avez un niveau intermédiaire ou avancé, car cela permet de comprendre sans passer par une traduction.
- Lexilogos, dictionnaire qui offre aussi des claviers dans d’autres langues, par exemple en arabe.
- Des livres bilingues comme ceux de Penguin readers.
- Des guides de conversation, papier ou en ligne.
- Des ressources pour natifs : sites d’actualité, chaînes Youtube, TV, radio, des livres qui vous plaisent (c’est important)…
- Des applications telles que Duolingo (qui utilise le principe de la chaîne qui grandit chaque jour de pratique consécutive, intéressant pour garder la motivation), MosaLingua, Babbel. Bien que ludiques et pratiques, utilisées seules, elles ne suffisent pas. Il faut combiner les outils et ressources d’apprentissage.
- Des comptes Instagram d’apprentissage et des comptes de natifs sur des sujets qui vous intéressent : vous pouvez lire les posts, voire écouter les IGTV, écrire des commentaires sous les posts…
- Pour l’apprentissage des langues en général : Le Monde des Langues, Marathon des Langues.
Apprendre du vocabulaire
Utilisez la loi de Pareto, ou « principe des 80-20 », selon laquelle 20% de vos efforts vous fourniront 80% de vos résultats. C’est-à-dire qu’en vous concentrant, du moins au départ, sur le vocabulaire le plus utilisé (les 20%), vous arriverez à vous débrouiller dans plein de situations différentes (les 80%).
Vous pouvez, comme moi, apprendre grâce à des astuces mnémotechniques. Plus elles sont drôles ou décalées, mieux c’est. Par exemple, « ami » en arabe se dit صَديق (prononcer « SadiiK », les sons « s » et « k » étant ici plus graves qu’en français), ce qui m’a fait penser à « sadique » en français. Un ami sadique est-il vraiment un ami ?
Je vous conseille également d’apprendre non seulement des mots, mais aussi des structures et tournures de phrases pour parler comme les natifs. Il s’agit de ne pas aligner les mots appris en reproduisant les structures de phrase que l’on connaît en français. Chaque langue reflète une manière de penser et de voir le monde qui lui est propre, ce qui se traduit dans des tournures de phrase uniques.
Une fois que vous avez appris le vocabulaire de base, il est intéressant de chercher le vocabulaire dont vous avez spécifiquement besoin selon l’usage que vous voulez faire de la langue (par exemple, voyager, vivre dans le pays, travailler dans un domaine professionnel spécifique, savoir parler d’une passion telle que la peinture, le football, le jardinage etc). L’un des intérêts d’apprendre en autodidacte est de pouvoir personnaliser votre apprentissage.
Pour chaque langue apprise, je tiens un carnet de vocabulaire où je collecte les mots utiles glanés au fil de mes activités dans la langue cible. Je possède des carnets papier, mais vous pouvez également tenir un carnet numérique, voire utiliser une application. Au format papier, vous avez le choix entre noter les mots par ordre chronologique d’apprentissage (carnet simple) ou alphabétique (carnet répertoire), selon vos préférences.
Afin de consolider votre apprentissage, la méthode de la répétition espacée a fait ses preuves. Elle se base sur le constat qu’à un moment donné la mémoire va oublier ce qui a été appris. Afin d’éviter cela, il faut réviser à intervalles réguliers, plus ou moins espacés. Vous pouvez vous aider d’un logiciel ou d’une application de répétition espacée comme MosaLingua.
Apprendre la grammaire
Apprendre la grammaire est essentiel pour former des phrases correctes. Je vous conseille de l’apprendre au fur et à mesure, et non de manière boulimique au risque de vous « bourrer le crâne ».
Consultez votre manuel ou précis de grammaire quand vous voulez éclairer un point précis. En cherchant la grammaire dont vous avez besoin, vous la retiendrez encore mieux.
Pratiquer en s’amusant
S’il faut acquérir des connaissances « théoriques » liées au vocabulaire et à la grammaire, cela ne suffit pas pour « parler » une langue étrangère, c’est-à-dire être capable de l’utiliser, de s’en servir au quotidien. Pratiquez la langue ! Faites-le en vous amusant, car sinon votre cerveau va associer la langue cible à quelque chose d’ennuyeux et vous risquez alors de moins progresser voire d’abandonner.
Tordez le cou à votre perfectionnisme et pratiquez ce que vous venez d’apprendre, même à un niveau débutant. Sortez de votre zone de confort. N’attendez pas d’avoir un meilleur niveau pour vous lancer. N’ayez pas peur de faire des erreurs, elles vous permettront d’apprendre, comme lorsque vous étiez enfant. Comme dit le dicton, c’est en forgeant que l’on devient forgeron.
Pratiquez les quatre compétences linguistiques : écouter, lire, écrire, parler.
La compréhension orale : écouter
Ecouter permet d’habituer son oreille à la langue. S’il est difficile de comprendre au début, ne vous découragez pas : plus vous écouterez, plus vous ferez des progrès et comprendrez des choses.
Les ressources, notamment en ligne, ne manquent pas : radio, télévision, séries et films en VO, vidéos Youtube, podcasts, chansons…
La compréhension écrite : lire
Lire vous permettra d’enrichir votre vocabulaire, acquérir des structures et tournures de phrases propres à la langue cible, tout en vous cultivant et en vous divertissant. Lisez sur des sujets qui vous intéressent.
Une de mes astuces consiste à paramétrer mes objets électroniques, comme mon téléphone mobile, dans la langue cible afin d’apprendre plein de vocabulaire et d’expressions sans même m’en rendre compte.
L’expression écrite : écrire
Vous pouvez tenir un journal dans la langue cible et écrire sur votre journée, vos pensées ou tout autre sujet.
Avoir un correspondant à qui écrire régulièrement (par mail ou lettre manuscrite) est un bon moyen de pratiquer tout en se faisant des ami.e.s. En effet, apprendre en autodidacte ne veut pas forcément dire apprendre seul.e. Votre correspondant ou partenaire de langue peut aussi vous corriger.
Internet vous offre également des opportunités d’écrire dans la langue cible, que ce soit en participant à des forums (par exemple HiNative, qui permet de poser des question sur les différentes langues et cultures), en commentant des vidéos et des posts sur les réseaux sociaux, ou en utilisant certains sites comme HiNative ou LangCorrect qui permettent de tenir un journal en ligne et de se faire corriger par des natifs.
Lorsque vous écrivez, évitez si possible de penser dans votre langue maternelle avant de traduire dans votre tête. Si vous vous entraînez à penser directement dans la langue cible, vous écrirez de façon plus fluide et utiliserez les structures de phrases propres à la langue.
L’expression orale : parler
C’est le plus délicat à mettre en œuvre lorsqu’on apprend en autodidacte. Plus que jamais, il faut sortir de sa zone de confort et ne pas avoir peur de faire des fautes.
Dans un premier temps, vous pouvez pratiquer seul, afin de vous mettre en confiance. Par exemple, imiter les dialogues tel un perroquet et jouer le rôle du personnage imité comme au théâtre, lire les paroles d’une chanson et chanter en même temps que le chanteur. J’ai également fait des progrès en m’entraînant à penser et parler seule, même à voix haute (non je ne suis pas folle), par exemple en commentant ce que je suis en train de faire, mon quotidien…
Dans un second temps, rencontrez des natifs et échangez avec eux. À quoi bon apprendre une langue étrangère si elle ne vous sert pas à communiquer avec les natifs ?
Cherchez des partenaires linguistiques,que ce soit en demandant dans votre entourage ou sur Italki et autres plateformes pour dialoguer avec des natifs. Utilisez Skype et autres programmes permettant de passer des appels vidéo. Essayez également de participer à des cafés polyglottes (dans les villes, dans les universités, on peut trouver ce type d’événement en cherchant sur Facebook par exemple) : ceci vous permettra de pratiquer avec des natifs dans une ambiance conviviale et de vous faire des amis.
Enfin, si possible, voyagez dans les pays dans lesquels est parlée votre langue cible.
J’espère que mes conseils et astuces vous seront utiles pour votre apprentissage des langues étrangères en autodidacte. N’oubliez pas qu’apprendre des langues est aussi un moyen de dépasser les frontières, de voyager, d’aller à la rencontre d’autres cultures et de se faire des ami.e.s partout dans le monde !
Bon apprentissage et amusez-vous !
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