Lectures #1 – La véritable histoire d’un Indien qui fit 7000 km à vélo par amour
~ La véritable histoire d’un Indien qui fit 7000 km à vélo par amour ~
Per J. Andersson
Résumé
« Tu épouseras une fille qui ne viendra ni de cette ethnie, ni de ce village, ni de cette province, ni même de ce pays. » Cette prophétie, Pikej, jeune Indien né dans une famille de la caste des intouchables, se la répète depuis toujours. Lorsqu’il croise Lotta, une Suédoise en voyage, au pied d’une fontaine de New Delhi, le jeune dessinateur de rue en a la certitude : c’est elle. La fille de la prophétie.
Il n’a pas les moyens de se payer le voyage pour la retrouver aux confins de la mer du Nord ? Qu’à cela ne tienne, il se lance sans hésiter dans un incroyable périple de 7000 kilomètres à vélo pour la rejoindre…
Mon avis
Ce livre est un coup de cœur. Il constitue à la fois une immersion dans la société indienne, un récit de voyage et une histoire d’amour internationale.
Grâce à ce livre, j’ai pu me replonger dans l’ambiance de l’Inde que j’avais eu la chance de visiter quelques années plus tôt.
Cette histoire, digne de celle d’un Bollywood, est tout entière imprégnée d’espoir et de résilience.
Je pensais au début lire un roman fictif, mais que nenni. Ici le mot « véritable » inclus dans le titre est à prendre au pied de la lettre : Per J. Andersson, écrivain et journaliste suédois, relate une histoire vraie. Une simple recherche sur Internet m’a d’ailleurs permis de voir les photos de Pikej et de Lotta. Vous pouvez en retrouver certaines ici ou là.
Contrairement à ce que le titre laisse entendre, il ne s’agit pas uniquement d’une épopée à vélo, mais également de la description de la société indienne traditionnelle et du système des castes à travers le regard d’un intouchable. Toute la première partie du livre est en effet dédiée à l’enfance et à la jeunesse de Pikej, né dans une famille d’intouchables. Dans le système des castes, les Intouchables, aussi appelés Dalits ou Harijans, sont considérés comme étant hors castes et sont relégués à des fonctions ou métiers jugés impurs. Ils sont victimes de nombreuses discriminations, que l’histoire de Pikej illustre parfaitement. C’est d’ailleurs pour s’extraire de sa condition et pour suivre sa passion qui monte à la capitale indienne pour étudier les beaux-arts.
Le récit de sa jeunesse est une véritable métaphore de la résilience : le jeune homme se situe tout au bas de l’échelle sociale, lutte contre la plus âpre pauvreté avant de devenir dessinateur de rue et de rencontrer certaines des personnalités les plus importantes de l’époque, dont Indira Gandhi.
Ce livre nous plonge aussi en partie dans le mouvement hippie des années 70. Par le biais de son activité de dessinateur de rue, Pikej se met en effet à côtoyer des Occidentaux qui parcourent le Hippie Trail jusqu’en Inde et à Katmandou. Plus tard, sa volonté de rejoindre Lotta, Suédoise dont il est tombé amoureux, le poussera à parcourir le Hippie Trail en sens inverse.
L’histoire relatée par Per J. Andersson traite également du couple mixte, ou interculturel. L’auteur met en lumière la rencontre entre les deux protagonistes ainsi que les obstacles dressés sur leur route. Mais l’amour fait fi des frontières, et l’histoire de Pikej et Lotta le prouve.
Quelques citations
« Avant que Pikej n’entre à l’école, il ignorait tout des castes. Personne ne lui avait expliqué que les hommes étaient divisés en quatre catégories et des milliers de sous-catégories. Il n’avait jamais entendu parler du Rig-Veda, cette collection d’hymnes sacrés remontant à plusieurs millénaires, où l’origine des castes est décrite. Il ignorait que les brahmanes, c’est-à-dire les prêtres, venaient de la bouche de Purusha, les kshatriyas, autrement dit les guerriers, venaient des bras, les vaishyas, soit les commerçants, les artisans et les paysans, de ses cuisses, et, enfin, les sudras, c’est-à-dire les ouvriers et les serviteurs, de ses pieds. »
« Tous les hommes ont la même énergie vitale, peu importe leur origine et leur couleur de peau. Quand on pense comme ça, il est impossible d’être raciste, se disait Lotta. »
« Le voyage à vélo est interminable, et les dangers nombreux. D’aucuns jugeraient son projet voué à l’échec. Seul son refus de toute logique lui permet de continuer à pédaler. Jusqu’à présent, il n’a rencontré personne qui considère son voyage en vélo jusqu’en Suède irréalisable. La route regorge de gens comme lui. Des voyageurs infatigables. Des objecteurs de conscience qui rejettent leur culture. En plus des hippies habituels, il rencontre aussi des réfugiés économiques ; des Asiatiques en route vers la riche Europe. Avec ses compagnons de route, il partage un même sentiment : celui que tout est possible. »
« Il y a beaucoup de nuages noirs devant le soleil, mais un jour, le vent les chasse. »
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