Quels sont les besoins matériels de base de l’être humain ?
Vous avez peut-être déjà entendu parler des besoins fondamentaux de l’être humain, notamment à travers la pyramide de Maslow. C’est un sujet qu’on retrouve dans les domaines de la psychologie et du développement personnel. Il est en effet important de prendre conscience de ses besoins fondamentaux afin de s’épanouir.
Mais, avant de s’épanouir, il faut satisfaire ses besoins matériels de base : se nourrir, se loger, se vêtir, se soigner.
Par ailleurs, ces besoins sont-ils des droits fondamentaux ?
Nous allons voir tout cela dans cet article !
Les besoins fondamentaux, du développement personnel aux droits humains
Qu’est-ce qu’un besoin ?
Un besoin est un manque total ou partiel de quelque chose de fondamental pour la personne, sa survie et son bien-être. Sa satisfaction est nécessaire.
En psychologie, le besoin est défini comme un état qui résulte de tensions internes et qui concerne des satisfactions particulières (faim, soif, etc.). Cette définition provient du Dictionnaire de psychiatrie des éditions du CILF.
Le besoin se distingue du désir.
Le désir est lié aux émotions. Il s’agit d’une aspiration instinctive de l’individu à combler le sentiment d’un manque, d’une incomplétude.
À la différence d’un besoin, sa satisfaction n’est pas nécessaire (à la survie par exemple). Les désirs diffèrent d’une culture à l’autre et sont infinis : à peine un désir est-il satisfait que d’autres apparaissent.
Le cerveau nous joue parfois des tours et il peut être difficile de distinguer un besoin d’un désir, par exemple en matière d’alimentation. Manger parce qu’on ressent une faim physiologique est un besoin. Avoir envie de manger quelque chose de sucré est un désir.
Prendre conscience de nos privilèges : petite anecdote d’étudiante en droit
Dans cet article, je souhaite aborder la question des besoins matériels basiques de l’être humain sous deux angles : celui de la psychologie / du développement personnel, et celui des droits humains.
Pourquoi spécifiquement les besoins matériels ?
J’ai eu l’immense chance, comme certains d’entre vous, de naître et de grandir dans un environnement où je n’ai manqué de rien, notamment du point de vue matériel. J’avais toujours de la nourriture, de qualité et en quantité suffisante, des médicaments quand j’étais malade, etc. Aujourd’hui, c’est toujours le cas. J’ai conscience d’être privilégiée. Je souhaite que toutes celles et ceux qui le sont également en prennent conscience.
Cette réflexion est partie d’une anecdote que j’ai vécue alors que j’étais étudiante en droit. Un enseignant nous a demandé quels étaient les quatre besoins matériels de base de l’être humain. La réponse m’est alors venue naturellement, mais je n’ai pas réagi tout de suite car j’étais curieuse d’entendre les réponses des autres étudiant.e.s.
Stupeur : personne n’a su répondre.
Ça m’a frappée. Nous, les étudiant.e.s présents dans cette classe, faisions tous partie des privilégié.e.s qui n’ont pas à se soucier de ces besoins fondamentaux. Nous avions tous un smartphone et un ordinateur, parfois même déjà une voiture. Être privilégié.e n’est pas un problème, c’est une chance. Ce qui est, selon moi, un problème en revanche, c’est de ne pas en avoir conscience. Pire : ces étudiant.e.s en droit, qui avaient étudié les droits humains et se destinaient à devenir avocats, magistrats, etc., ne savaient pas quels étaient les besoins fondamentaux. Ils avaient certes bien étudié leurs cours, mais n’avaient pas réfléchi à cette question essentielle. Je ne les blâme pas : la vie ne leur en avait sans doute pas donné l’occasion. Ces étudiant.e.s n’avaient simplement pas encore pris conscience de certaines réalités.
Fin de l’histoire ? J’ai levé la main et répondu. Je ne suis pas en train de dire que j’étais meilleure que ces étudiant.e.s. J’avais simplement déjà pris conscience de ma situation privilégiée.
Avant de vous présenter plus en détail ces quatre besoins matériels de base, je vous invite à vous interroger dessus.
Ces besoins matériels sont inclus dans la pyramide des besoins fondamentaux de Maslow.
La pyramide des besoins fondamentaux de Maslow
Abraham Harold Maslow était un psychologue américain humaniste du XXe siècle. Il est connu pour son explication de la motivation par la hiérarchie des besoins humains. Cette hiérarchie a été reprise sous la forme d’une pyramide.
Maslow a distingué cinq niveaux de besoins. Chaque niveau doit être satisfait avant de penser à satisfaire les besoins du niveau suivant. Les quatre premiers niveaux sont considérés comme étant « indispensables ». Leur non-satisfaction entraîne un profond mal-être. Le cinquième niveau est le besoin d’accomplissement. À la différence des autres, il ne provient pas d’un manque. C’est un peu la cerise sur le gâteau : ce n’est qu’une fois que nous avons de la stabilité et de la sécurité que nous pouvons penser à notre épanouissement et à réaliser nos rêves. Ceci est l’objectif même du développement personnel.
Remarquons que les besoins sont d’abord centrés sur soi (besoins physiologiques, de sécurité) avant de s’ouvrir progressivement vers les autres (besoins sociaux, d’estime). Nous passons également de besoins matériels (nourriture, logement…) vers des besoins immatériels (amour, respect, estime…).
1 Les besoins physiologiques
Les besoins physiologiques sont vitaux : leur satisfaction est importante, voire nécessaire, pour la survie.
Il s’agit de : la faim, la soif, l’élimination, le maintien de la température corporelle (ce qui passe notamment par les vêtements), la respiration, le logement, le sommeil, la sexualité.
2 Les besoins liés à la sécurité
Le deuxième niveau de la pyramide concerne les besoins liés à la sécurité, physique et psychologique. Ce besoin fondamental est satisfait lorsque nous disposons d’un environnement social, familial et professionnel stable et prévisible, sans anxiété ni crise.
Cela passe par : l’intégrité physique, une stabilité, un travail et des revenus stables, une bonne santé.
3 Le besoin d’appartenance
C’est le besoin lié à notre dimension sociale. L’être humain est un animal social. Nous avons besoin de nous sentir accepté.e.s et aimé.e.s par les groupes dont nous faisons partie (couple, famille, amis, collègues, association…). C’est le premier besoin qui est tourné vers les autres.
Le besoin d’appartenance se traduit par : l’intégration à un groupe, l’amour et l’affection, l’obtention d’un statut social, l’interaction avec les autres, le fait de faire partie d’une équipe, d’être informé.e, etc.
4 Le besoin d’estime
À ce niveau de la pyramide de Maslow, nous retrouvons également des besoins à dimension sociale. L’être humain a besoin d’être estimé et apprécié.e par ses pairs.
Il s’agit également du besoin d’estime de soi.
Le besoin d’estime passe par : la reconnaissance et l’appréciation des autres, la dignité, le prestige, l’autonomie et l’individualisation au sein d’un groupe, la confiance en soi.
5 Le besoin d’accomplissement
Le besoin d’accomplissement, ou de réalisation de soi, est au sommet de la pyramide de Maslow. Ce besoin d’épanouissement personnel nous pousse à vouloir contribuer, même modestement, à l’amélioration du monde grâce à nos compétences et talents.
En développement personnel, plusieurs concepts traduisent le besoin d’accomplissement : l’ikigaï, la mission de vie, etc.
Voici comment ce besoin peut être satisfait : apprendre, vivre selon ses valeurs, développer sa créativité, avoir une vie intérieure.
Les quatre besoins matériels de base de l’être humain
Les quatre besoins matériels de base de l’être humain correspondent aux deux premiers niveaux de la pyramide de Maslow.
Ces besoins sont : se nourrir, se loger, se vêtir, se soigner.
Des besoins fondamentaux satisfaits par l’argent
Qu’est-ce qu’un besoin matériel ? Cela signifie que l’argent est nécessaire pour pouvoir y répondre. Nous vivons malheureusement dans un monde où, à moins de vivre en totale autonomie, nous avons besoin d’argent pour satisfaire une grande partie de nos besoins les plus élémentaires. Nous avons besoin d’argent pour acheter de la nourriture, nous loger, nous soigner et acheter des vêtements.
Ces besoins matériels de base sont-ils des droits fondamentaux ?
Comme j’ai étudié le droit, je trouve intéressant de se demander si les besoins matériels de base sont des droits fondamentaux. Existe-il, par exemple, un droit au logement ? un droit à la santé ?
- Un droit au logement ?
Le besoin de se loger recouvre le besoin d’avoir un toit sur la tête, un lieu de vie stable et salubre.
Est-ce un droit ?
Le droit au logement est reconnu par la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH, article 25), le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC, article 12), ainsi que par la Charte sociale européenne (article 31). Le problème est que ces textes ne permettent pas la mise en place concrète d’un droit au logement.
En France (puisque j’ai étudié le droit français), la loi DALO (Droit au logement opposable) du 5 mars 2007 reconnaît qu’une personne sans domicile est en droit d’exiger auprès des autorités l’application du droit constitutionnel au logement (compris dans le préambule de la Constitution de 1946, qui a valeur constitutionnelle).
- Un droit à la santé ?
Être en bonne santé est, on l’a vu, un besoin fondamental.
Le droit à la santé apparaît dans la DUDH (article 25) et dans le PIDESC (article 12). Il n’existe pas en tant que tel en droit français. Seule la protection de la santé publique est reconnue en France (préambule de la Constitution de 1946, article 11), qui se traduit par la mise en place d’un système de sécurité sociale. De nombreux pays dans le monde ont un système de protection sociale.
- Un droit à l’alimentation ?
Se nourrir est un besoin fondamental. Mais est-ce un droit ? Si vous n’avez pas de quoi vous nourrir, le gouvernement a-t-il l’obligation de vous donner de la nourriture ?
Un tel droit impliquerait que chaque personne ait accès à une nourriture en quantité suffisante et qui réponde à ses besoins nutritionnels.
La DUDH (article 25) et le PIDESC (article 11) reconnaissent en filigrane le droit à l’alimentation. Mais, concrètement, ce droit n’existe pas vraiment ! Les gouvernements n’ont pas l’obligation de distribuer de la nourriture aux personnes qui le souhaitent. Il n’existe pas de droit d’être nourri.e par l’État.
- Un droit à l’habillement ?
Se vêtir est le quatrième besoin matériel de base. Je parle ici d’avoir des vêtements, pour nous couvrir et nous protéger du froid par exemple.
Existe-t-il un droit à l’habillement ?
La DUDH (article 25) et le PIDESC (article 11) reconnaissent, à nouveau, ce droit en filigrane. Il s’agit d’avoir un niveau de vie suffisant pour pouvoir se procurer des vêtements. Je n’ai rien trouvé de tel en droit français.
Remarquez que je ne parle pas ici de la liberté de s’habiller comme nous le souhaitons, qui est un autre débat.
Vous allez peut-être me demander : pourquoi les quatre besoins matériels de base ne sont pas réellement reconnus comme des droits fondamentaux, alors même qu’ils sont fondamentaux justement ?
Ces besoins sont juridiquement traduits par des droits économiques et sociaux. Ce sont des droits fondés sur les concepts d’égalité et de justice sociale.
Le problème est que ces droits sont considérés comme des droits créances, c’est-à-dire des droits qui supposent une intervention de l’État pour être effectifs. Autrement dit, leur mise en œuvre nécessite l’intervention de l’État. Par exemple, pour que le droit au logement soit réellement effectif, il faudrait que l’État construise et finance des logements pour tout le monde (notre société est gouvernée par l’argent, vous vous souvenez ?). Si un tel droit était effectif, il serait opposable à l’État, c’est-à-dire que nous pourrions aller devant la justice pour obtenir gratuitement un logement. Ce ne serait tout bonnement pas possible, à moins de vivre dans un monde idéal…
Comment prendre conscience de ces besoins matériels de base ?
Comme je le disais plus haut, lorsque nous sommes dans une situation privilégiée, nous n’avons bien souvent pas conscience de nos besoins matériels fondamentaux. Nous n’en prenons hélas conscience qu’une fois qu’ils ne sont plus satisfaits.
C’est ce qui arrive par exemple aux réfugiés. Les réfugiés, en général, perdent « tout ». Ces besoins matériels de base sont subitement non comblés, tout comme leur besoin de sécurité. Nombre de réfugiés avaient auparavant ces besoins comblés, sans doute comme vous qui me lisez (car si vous me lisez depuis un mobile, une tablette ou un ordinateur, c’est qu’en principe vos besoins matériels de base sont comblés : vous avez un toit sur la tête, de la nourriture…).
Alors, comment prendre conscience de nos besoins matériels fondamentaux ?
- Éprouver de la gratitude d’avoir nos besoins fondamentaux comblés.
C’est tout bête, mais c’est tout de même la base.
- Faire du bénévolat ou un stage dans une association ou une ONG.
Ça aide à prendre conscience des réalités et, au passage, de réaliser la chance qu’on a d’être privilégié.e, de ne pas se soucier de savoir si on a assez d’argent pour répondre à nos besoins de base, d’avoir le luxe de se poser la question de quelles envies on va satisfaire avec notre argent. Faire du bénévolat permet de prendre conscience de nos privilèges et d’aider ceux qui n’en bénéficient pas.
- Faire un don à celles et ceux qui n’ont pas de quoi se loger, se nourrir…
- À un niveau global : réduire les inégalités.
En espérant que les gouvernements et les puissants de ce monde me lisent…
Voilà, j’espère que cet article vous aura permis de réfléchir sur vos besoins matériels de base et de prendre conscience de l’immense privilège qu’on a lorsqu’ils sont satisfaits !
Sources
https://www.psychologies.com/Dico-Psycho/Besoin
https://www.cnrtl.fr/definition/d%C3%A9sir
https://fr.wikipedia.org/wiki/Abraham_Maslow
https://www.psychologue.net/articles/la-pyramide-de-maslow-la-theorie-des-besoins
https://www.penserchanger.com/atteindre-le-sommet-avec-la-pyramide-de-maslow
https://www.mieux-vivre-autrement.com/les-besoins-fondamentaux-etre-humain.html
https://www.vocabulairepolitique.be/droits-economiques-et-sociaux/
https://www.justifit.fr/b/guides/droit-immobilier/droit-au-logement/
Mon expertise en droit
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2 commentaires
aityala hamiche
Trés interesant ce sujet. Je voudrais juste ajouter l’apport considérable d’une spiritualité rationnelle, réel et non imaginaire, dans la modération de nos besoins matériels. Aussi sa sa capacité à nous rendre plus conscient sur nos besoins matériel et ceux des autres et nous apprendrait de l’amour de l’empathie, et de la génerosité. Vous allez peut être me poser la question quelle est cette spiritualité rationnelle, réel et non imaginaire. Je dirais que la recherche de cette spiritualité subordonné à un coeur qui aime, un cerveau qui réflechi est loin des passions égoistes.
Marie-Astrid
Intéressant.
La spiritualité peut-elle être rationnelle ? Voilà qui ferait un beau sujet de philosophie…